Interview : Isabelle de Lassence

Entretien avec Isabelle de Lassence, auteure du roman Un métro pour Samarra aux Editions Marabout (coll. La Belle étoile) et marraine de notre première édition du MaNo – Marathon de la Nouvelle qui aura lieu le samedi 25 mai, à 21h, sur le forum du Zodiac, en partenariat avec les Éditions Marabout et le studio d’écriture Scribbook.


Bonjour Isabelle, heureux de te recevoir sur Zodiac Stories !

Alors commençons par le commencement, pourrais-tu te présenter en quelques mots pour les lecteurs qui ne te connaitraient pas encore ?

Bonjour à toi, Sturm, et aux lecteurs ! Je suis Isabelle de Lassence, je viens de publier mon premier roman Un métro pour Samarra et je suis la marraine du premier Marathon de la Nouvelle de la communauté d’écriture Zodiac Writing Challenge.


Te souviens-tu de quand et comment est née en toi cette envie d’écrire, de raconter des histoires ?

Des histoires, j’ai toujours adoré en écouter, toute petite, puis en lire, enfant. Entre 9 et 13 ans environ, j’ai tenu, comme beaucoup de jeunes filles, un journal intime où je racontais mon quotidien. Ensuite, il y a eu toute la période du lycée et des études, où mon rapport à la littérature a complètement changé puisque le texte est devenu un objet d’analyse détaillée, mais au final, on parlait assez peu du processus de création. Il m’est arrivé de rêver de devenir écrivain, très furtivement, mais je me disais que ce n’était pas pour moi, que ce n’était pas un projet raisonnable. Je me suis orientée vers la communication pendant quelques années, j’ai écrit des plaquettes, articles, dossiers et communiqués de presse etc… Une bonne écolé de la concision ! Pendant toute cette période, je passais du temps dans les transports en commun pour aller travailler, comme beaucoup d’entre nous. Une heure et demie dans le RER et le métro matin et soir, cela a des avantages : de longs moments pour observer, rêver… C’est vraiment à ce moment-là que j’ai décidé d’écrire un roman, j’avais les très grandes lignes de l’idée, que j’ai laissée en arrière-plan jusqu’à ce que je devienne maman. Là, ma vie et mes envies ont basculé, j’ai pris plusieurs congés parentaux pour profiter à fond de mes enfants, mais un manque s’est fait ressentir, et j’ai décidé de l’écrire, ce livre ! C’était le moment idéal.


J’imagine que tu es heureuse que ton roman soit publié aux éditions Marabout, d’autant plus que tu inaugures une nouvelle collection « La Belle étoile ».

Oui, je suis ravie, c’est une grande chance pour mon roman d’avoir un éditeur comme Marabout et un sacré défi pour moi. Quand j’ai envoyé mes manuscrits, franchement, je n’y croyais pas vraiment, je n’avais aucun contact dans le monde de l’édition et on sait qu’il est pas évident de trouver un éditeur pour un premier roman, quand on n’est pas déjà connu pour autre chose. J’ai eu une chance inouïe car mon éditrice Hélène Gédouin a pioché mon texte dans le bac des manuscrits en attente, elle a eu un coup de cœur et l’aventure a commencé. Comme quoi, c’est possible, il faut y croire !


Pourrais-tu nous présenter ton roman, nous raconter sa genèse, comment t’est venue l’idée d’associer l’univers des stations fantômes parisiennes à celui de Samarra, ville d’Irak, au Moyen-âge ?

J’avais envie de raconter l’histoire de quelqu’un qui va complètement changer de regard sur ce qui fait son quotidien… C’était une période où je traversais Paris tous les jours pour aller travailler, je sortais beaucoup le soir et le week-end, donc le métro rythmait vraiment ma vie… Une matière inépuisable, une source d’inspiration et j’ai décidé d’en faire le point de départ du cheminement de Swann, le personnage principal. Ce jeune homme est bien placé pour parler du métro puisqu’il le voit de l’intérieur, il travaille à la RATP en parallèle de ses études. J’ai eu envie de pousser le voyage de Swann très loin, avec un contraste important entre deux univers. J’ai cherché où pendant quelques semaines, et puis l’Institut du Monde Arabe a organisé l’exposition Les Mille et Une Nuits ! Quant aux stations fantômes, ces stations désaffectées du métro de Paris, elles me fascinent parce qu’elles sont un peu le symbole du passé qui est toujours là, même invisible. Elles ne sont plus sur les plans du réseau mais on ne les a pas oubliées pour autant, ce sont des lieux flottants donc un passage entre deux mondes qui m’a semblé intéressant comme clé de voûte de l’intrigue.


En plongeant dans ces univers, on se dit que le travail de documentation a dû être important. Peux-tu nous en parler ? En espérant qu’aucun livre n’ait souffert lors de ce travail de recherche (Ceux qui auront lu le roman comprendront l’allusion…)

(rires) Aucun livre n’a souffert de la préparation de ce livre, je le garantis ! J’ai fait beaucoup de recherches pour écrire Un métro pour Samarra, c’est l’une des phases que je préfère dans l’écriture, le moment de tous les possibles, où s’ouvrent des univers. J’ai passé des journées à Beaubourg et à la BNF pour me documenter sur le métro de Paris, la vie au temps des Califes Abbassides, au Moyen-Age, quand l’Irak actuel s’appelait encore Mésopotamie. Sans oublier les quelques sujets ésotériques qui ponctuent le roman…


Comme Swann, as-tu toujours un petit carnet sur toi pour noter tes idées et réflexions ?

Tout à fait ! J’y note mes pensées personnelles, mes idées d’écriture. C’est un mélange de journal intime télégraphique et de boite à idées.


As-tu mis en place une routine d’écriture afin d’éloigner la procrastination et de maintenir le cap de l’écriture pour ton roman ?

Pas du tout. Au moment où j’ai écrit Un métro pour Samarra, j’étais maman à temps plein. J’ai écrit le premier jet de mon roman en six semaines, en exploitant chaque minute de temps disponible, notamment les siestes, les soirées et les week-ends, où je m’enfermais pour écrire pendant que papa s’occupait des enfants. Je m’étais donné pour objectif d’achever la première version pour un concours d’écriture organisé par DraftQuest et Librinova, j’ai dû envoyer un texte même pas relu, mais cette échéance m’a permis de l’emporter sur la procrastination. Depuis, j’ai davantage de moments pour moi mais je n’ai toujours pas mis en place de routine car j’aime cette souplesse qu’offre l’écriture dans l’organisation du temps de travail.


Un projet de roman en cours ?

En ce moment, je construis le plan de ce qui deviendra, je l’espère, mon deuxième roman. L’univers de l’histoire sera complètement différent. Je n’en dirai pas plus car je suis trop superstitieuse…


En tant que marraine de la première édition du Marathon de la Nouvelle, que penses-tu de l’écriture de nouvelles et de ce marathon ?

Je suis particulièrement attachée aux communautés d’écriture, puisque j’ai écrit Un métro pour Samarra dans le cadre MOOC DraftQuest « Ecrire une œuvre de fiction », avec ses vidéos théoriques et son groupe de passionnés. A ce moment-là, je ne parlais pas autour de moi de mes activités d’écriture, j’avais vraiment du mal à assumer, à partager cela, alors pouvoir en parler librement fut une grande bouffée d’oxygène et de motivation. Nous nous sommes d’ailleurs connus dans le cadre du MOOC DraftQuest ! Etre la marraine du Marathon de la Nouvelle, qui fonctionne également autour du partage de texte et d’expérience, c’est à la fois un grand plaisir pour moi et une suite logique. Une nouvelle est une histoire à part entière, qui nécessite d’aller à l’essentiel tout en communiquant le maximum d’émotions. C’est un challenge qui me semble complémentaire de l’écriture de formats plus grands comme le roman. Créer un texte en une soirée, avec le Marathon de la Nouvelle, c’est être ensemble, lutter contre la procrastination qui nous guette tous, et aller se coucher avec le plaisir d’avoir finalisé un texte en quelques heures. Car oui, c’est possible !

 

 

 

Questionnaire du Zodiac


– Peux-tu nous citer trois adjectifs te qualifiant ?
Attends, je vais chercher à la cave les fiches que je relisais avant mes entretiens d’embauche !

– Ta plus grande fierté ?
Mes enfants.

– Si tu écrivais ton autobiographie, quel titre ou sous-titre lui donnerais-tu ?
Celle qui préférait écrire sur les autres.

– Ton premier souvenir de lecture ?
Les albums Sarah Kay, de Vivien Kubos, si tendres et bucoliques.

– Le dernier livre qui t’a émue ?
Même les méchants rêvent d’amour d’Anne-Gaëlle Huon, léger et profond à la fois. On sent que l’auteure a mis beaucoup d’elle-même, de sa propre famille.

– Ton genre littéraire de prédilection ?
Les romans psychologiques.  

– Le livre que tu as le plus apprécié ?
Difficile de choisir, mais je dirais Maudit Karma de David Safier, car ce roman m’a vraiment amusée et a révolutionné ma façon de voir la vie.

– L’auteur que tu aimerais ou aurais aimé rencontrer ?
Alice Ferney

– Le personnage de roman que tu aurais aimé être ?
Tout est encore possible !

– Tes conditions idéales pour une bonne écriture ?
Au calme, chez moi ou dans un bar, avec un thé.

– Le livre que tu conseillerais pour les vacances ?
Un métro pour Samarra !

– Les ingrédients qui selon toi sont nécessaires pour faire un bon roman ?
Tu parles d’ingrédients et c’est tout à fait juste, car écrire un roman, c’est un peu comme faire la cuisine. L’objectif est de faire plaisir, se faire plaisir. Pour cela, il y a différentes approches, certains se lancent sans recette, d’autres consultent tous les guides possibles et imaginables. On lie plusieurs ingrédients (univers, personnages, intrigue…), mais au final, il y a toujours un paramètre que l’on ne contrôle pas, c’est l’état d’esprit dans lequel sera celui qui dégustera le plat, et aussi celui qui l’a préparé. Faire un bon roman, c’est aussi, je pense, une question de moment, de rencontre entre un auteur, des personnages et un lecteur.

– Le conseil que tu donnerais à un écrivain débutant ?
Mets du cœur dans ton histoire, prends du plaisir et surtout, va jusqu’au bout.

– Ta citation favorite ?
« Il vaut mieux avoir des remords que des regrets »


 

Merci beaucoup Isabelle d’avoir joué le jeu de cette interview et belle écriture à toi pour tes projets à venir !
Une dernière question, si des personnes souhaitent te suivre ou te contacter, comment peuvent-elles le faire ?

Vous pouvez m’envoyer un mail sur isabelle.delassence@gmail.com, me suivre et me contacter sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram.

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